Quand la Banque Mondiale évalue la guerre en Ukraine et les conflits en Palestine et au Liban

Entre février et mars 2025, la Banque Mondiale (BM) a publié 3 rapports d’évaluation portant sur la facture économique de la « guerre » en Ukraine et des « conflits » à Gaza et au Liban. Ces rapports se prêtent à une lecture comparative portant sur leur méthodologie d’évaluation supposée être « standardisée et suffisamment reconnue internationalement » (BM 2025a, p. 52). Un regard croisé offre ainsi un éclairage critique sur la construction politique des évaluations de la BM et, a fortiori, sur leurs multiples instrumentalisations au sein des relations internationales.
Dans les rapports de la BM sur la Palestine, le mot guerre ne figure jamais dans le texte, on y fait exclusivement référence aux « conflits » (conflit de 2023, conflit de 2021, conflit de 2014, etc.). De même, dans les rapports sur le Liban, le mot « guerre » n'apparaît jamais non plus, sauf dans de rares références bibliographiques, et la seule occurrence du mot « Israël » figure dans une référence en note de bas de page.
Cette disparité n’est pas fortuite. En omettant toute référence à la guerre ou aux agresseurs dans les contextes libanais et palestinien, la BM contribue à dépolitiser la violence. Elle efface ainsi la possibilité de reconnaître des crimes de guerre et, en concentrant ses estimations de dommages principalement sur le logement, elle occulte les pertes subies dans les services publics, les systèmes de sécurité sociale et les droits humains, en particulier celles causées par des armes interdites comme le phosphore blanc.
Consultez le rapport complet pour une analyse critique et comparative de la manière dont les institutions internationales réécrivent les guerres, et de ce que cela implique pour la responsabilité internationale.